Le
refroidissement éolien
et l’indice humidex
ont été créés par des météorologues sensationnalistes en mal d’attention.
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L’hiver, le coureur apprend à ajuster sa pratique aux conditions
atmosphériques : pour assurer son équilibre et éviter les dérapages, il
réduit sa foulée et sa vitesse ; pour ne pas souffrir du froid, il se vêt
d’un équipement idoine. Selon la température et la force du vent, il choisit
la nature et le nombre de couches de vêtements — matériel coupe-vent,
polyester, laine légère — ainsi que l’épaisseur de ses chaussettes et de ses
sous-vêtements. Il cherche ce délicat équilibre entre la conservation et la
dissipation de la chaleur de façon à ne pas geler et à ne pas trop
transpirer, puisque la sueur donne froid. Au fil des ans, il a appris les
limites de son équipement : en deçà de, disons, un facteur de
refroidissement éolien de moins quinze à moins vingt, il sait que les
risques d’engelures — bizoune, fesses, orteils, oreilles, etc. — sont trop
importants. Mais ces extrêmes sont très rares et en général, surtout quand
il fait soleil, courir dehors l’hiver est fort agréable.
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Amis étrangers, il ne faut pas croire les Québécois qui jurent que l’hiver
durant, il fait moins vingt degrés Celsius dans leur coin de pays. Ces gens
vous mentent. Montrez-leur les données météorologiques historiques du
patelin en question (cherchez, elles sont disponibles en ligne) et
dites-leur (de ma part) que, d’accord, l’hiver québécois existe, mais qu’il
est inutile d’exagérer.
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Plus on vieillit, plus on est frileux. On pourrait s’acheter un manteau
d’hiver plus performant, porter des chaussettes de laine et des
sous-vêtements appropriés, mais non, bien qu’on vieillisse, on préfère geler
et se lamenter. D’ailleurs, plus les Québécois vieillissent, plus ils
déménagent en Floride, où, n’en doutons pas, ils vont se plaindre de la chaleur
et de l’humidité.
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Il ne faut pas mettre la charrue devant la tempête de neige. La souffleuse
non plus.