![]() |
(Source) |
Qu’ils reposent en paix, tous ces textes que vous publiez dans Facebook, vos photos dans Instagram. Peut-être ne réalisez-vous plus qu’il faut un mot de passe pour y accéder ; ça fait si longtemps que vous n’avez pas eu à taper le vôtre, et puisque plusieurs de vos amis proches sont aussi membres de ces clubs privés, vous présumez qu’il en est de même pour l’humanité entière. Vous pouvez continuer à écrire vos secrets dans Facebook et Instagram, ils demeureront bien protégés derrière une page de connexion pour moi infranchissable. Vous persistez à écrire sur un babillard qui m’est inaccessible, à classer vos photographies dans un album que je ne peux pas ouvrir. Lorsque vous relayez vos publications, je reconnais l’URL familière de ces réseaux. Je ne clique même plus sur ces liens qui ne mènent nulle part et je passe mon chemin.
Votre contenu est coincé dans un monde parallèle dont les paysages me seront à jamais étrangers.
Les plateformes vont et viennent ; celles-là ne feront pas exception. Toutes ces constructions virtuelles sont vouées à disparaître. Les applications, les formats de fichiers, les supports informatiques sont de constitution fragile. La technologie a la mémoire courte. Les traces numériques de l’humanité s’effacent à mesure que le temps passe. Nos données sont en voie d’extinction. C’est pourquoi je ne me fais aucune illusion : mon obsolescence est elle aussi inévitable et ce blogue et mes écrits ne sont pas plus pérennes que le cri du ptérodactyle ou que l’odeur du mammouth.