Puisque le climat se détraque, la météo se détraque. À moins que ce ne soit l’inverse. Allez savoir. En attendant, on sue. Il y a peu, il neigeait ; ces derniers jours, il fait chaud sans bon sens, ce qui nous vaut un épisode de canicule en mai, phénomène pour le moins inhabituel. Il semble qu’on soit rendu là. Heureusement que l’essence est à plus de deux dollars le litre, sinon les gens continueraient à rouler en pick-up et on continuerait à construire des autoroutes et des ponts électoralistes. Et cætera.
La météo aidant, les tulipes de la voisine d’en face ont carrément explosé : en 48 heures, elles sont passées du stade de vagues pousses vertes à celui de fleurs aux pistils offerts aux quatre vents. Le printemps capote et se prend pour l’été.
Je ne sais pas s’il y a un lien avec le temps qu’il fait, mais il me semble qu’il n’y a jamais eu autant de mouches noires en Estrie. On peut à peine profiter de la terrasse en fin d’après-midi que des escadrons de ces petites maudites fatigantes viennent bourdonner, tournoyer et gosser autour de notre tête et de nos chairs offertes. Ça suscite moult sacres. Cette semaine, en faisant mon jogging, j’ai d’ailleurs avalé un insecte. Je l’ai recraché tant bien que mal en vouant ces satanées bestioles aux gémonies (je paraphrase). Ça m’apprendra à respirer par la bouche quand je fais du sport.
Selon mes observations, encore cette année, des bourdons ont établi leurs quartiers sous la terrasse. Il y a deux ans, c’était près du cabanon, cette année, ils semblent avoir choisi un interstice derrière le BBQ. Grand bien leur fasse. Malgré leur gabarit imposant et leur vrombissement de B-52, ces insectes sont tout à fait inoffensifs. L’été, j’aime les observer butiner les grappes de fleurs qui poussent à l’orée du petit boisé derrière le chalet. Je trouve que les abeilles profitent d’une campagne de relation publique trop efficace. On en vient à oublier qu’il existe de nombreuses espèces de bibittes butineuses. Les bourdons sont de celles-là. Les bourdons sont industrieux et placides. Aimons-les.
Aujourd’hui, il y a risque d’orages toute la journée. Une tornade ne nous surprendrait pas outre mesure. Pour le moment, il pleut. Le temps est tout croche et la nature doit s’adapter. Par exemple, alors que j’écris ces lignes, la voisine d’en face fait du jardinage sous la pluie, vêtue d’un imperméable et de bottes de caoutchouc. Voilà où en est rendu le monde.