Hier soir, ma tendre moitié et moi étions de retour dans un théâtre après un hiatus de deux ans pour cause de, euh, vous avez entendu parler de cette histoire de coronavirus ?
C’était une production des Trois sœurs d’Anton Tchekhov — encore un Tchekhov ! — présentée par le Théâtre du Nouveau Monde. La mise en scène, le jeu des acteurs, le texte : tout nous a plu, et ce n’était pas seulement lié à un phénomène de manque.
J’ai découvert dans Les trois sœurs un texte puissant, que je ne connaissais pas. Un passage m’a particulièrement touché, parce qu’il recoupe un thème de mon Grand Projet Ambitieux (GPA) en cours. Je n’ai évidemment pas pu mémoriser à la volée les mots exacts du « texte français » (c’est ce que dit l’affiche, plutôt que traduction) de René Richard Cyr, tels qu’interprétés par Benoît McGinnis (Touzenbach) et Jean-Philippe Perras (Verchinine). Après une petite recherche dans le web, j’ai retrouvé ce matin les répliques en question dans une version en accès libre du texte de la pièce (traduction de Génia Cannac et Georges Perros).
Verchinine – [...] Rêvons ensemble… par exemple de la vie telle qu’elle sera après nous, dans deux ou trois cents ans.
Touzenbach – Eh bien, après nous on s’envolera en ballon, on changera la coupe des vestons, on découvrira peut-être un sixième sens, qu’on développera, mais la vie restera la même, une vie difficile, pleine de mystère, et heureuse. Et dans mille ans, l’homme soupirera comme aujourd’hui : « Ah ! qu’il est difficile de vivre ! » Et il aura toujours peur de la mort et ne voudra pas mourir.
Des mots écrits en 1900, si on en croit Wikipédia. Des mots qui demeureront justes, peu importe l’époque à laquelle on les prononcera ou on les lira. Si vous voulez mon avis, comme futurologue, on ne fait pas mieux que Tchekhov.