27 décembre 2021

Joie et sérénité du temps des fêtes

Hier, en fin d’après-midi, je suis sorti faire un petit jogging. Une fine neige tombait. L’air était chargé d’un doux smog de particules fines. « Il faut accepter de s’empoisonner pour se mettre en forme », me suis-je dit, en reniflant l’odeur de plastique brûlé qui s’échappait de la cheminée de la voisine d’en face.

Il y avait juste assez de neige dans les rues pour que mes pas glissent un peu et que ceux-ci, malgré mes efforts, me fassent avancer au ralenti. Lesté de la tourtière et de la dinde des derniers jours, je n’avais d’autre ambition que de faire la version courte de mon circuit habituel dans les rues du quartier, en espérant ne pas mourir d’un infarctus.

La pénombre s’installait peu à peu. Sur le chemin du retour, je ne me trouvais plus qu’à deux cents mètres de la maison lorsque, perdu dans la lune, j’ai à peine aperçu, de l’autre côté de la rue, ce couple avec une poussette qui se promenait. Soudain, surgi de nulle part, un hideux petit boxer est apparu dans mes pattes, jappant comme si j’avais tenté de lui voler son nonosse. J’ai failli faire une crise cardiaque. Ce tonitruant mini-bouledogue allait-il me croquer le mollet ? Poursuivant mon chemin, et sans doute inspiré par la messe de minuit télévisée de la veille, j’ai rétorqué aux jappements de l’avorton par un chapelet de mots d’église, tels que le mot en H (hostie), le mot en T (tabarnac) et au moins deux mots en C (ciboire et calice). Je lui ai aussi suggéré de se taire (Ta yeule ti-christ). Le molosse miniature s’est enfin éloigné. Me retournant, je l’ai vu rejoindre le couple que je venais de croiser. L’homme m’a envoyé la main pour m’apaiser ou peut-être pour excuser son dégénéré de clébard, et c’est bien parce que j’avais des mitaines, parce que je lui aurais répondu en brandissant mon majeur.

Sachez que dans le voisinage, les gens sortent volontiers leur chien sans les mettre en laisse. C’est que par ici, bien entendu et contrairement à d’autres contrées moins civilisées, les toutous possèdent tous un caractère avenant et un comportement irréprochable. La laisse constitue un accessoire de soumission et de torture animale incompatible avec la qualité de la gent canine locale.

Je m’étais promis de profiter des vacances des fêtes pour finir en beauté mon année de course à pied. Aujourd’hui, c’est décidé, je vais en ville m’acheter un masque à oxygène et un AK-47.