Le synopsis des films de science-fiction à petit budget débute toujours par les mots « Dans un futur proche ». Cette formule cherche à excuser d’avance l’absence d’effets spéciaux et la pauvreté de la direction artistique. Puisque le scénario se déroule dans un futur proche, on fera l’économie des décors, des costumes et des accessoires futuristes — et coûteux — qui auraient été nécessaires dans un futur, disons, plus lointain. Nul besoin, donc, de vaisseaux spatiaux, de scènes de guerre épiques ou de créatures extraterrestres infographiques. Tout au plus quelques subtils détails viendront souligner qu’il s’agit bel et bien d’anticipation. On palliera à l’allure autrement ordinaire de ce futur proche en soulignant lourdement sa nature dystopique : la saleté, les ruines, la poussière, la grisaille. Une machine à boucane, une poignée de sable et de la peinture grise, ça ne coûte rien. Le nombre réduit de personnages, un décor unique, des ombres occultant les textures et les objets hors champs, d’interminables scènes dialoguées en plan fixe : tout dans le scénario et la mise en scène de ces productions contribue à gommer leur manque de moyens. L’amateur de science-fiction sera invariablement déçu. Le futur passionne s’il est éloigné et grandiloquent. Le cadre contemporain et ses crises écologiques, politiques et sociales nourrissent déjà suffisamment les angoisses des masses inquiètes : quel est l’interêt d’un futur proche et pessimiste ? Le cinéphile avisé ignorera donc ces histoires dystopiques situées « dans un futur proche » qui méritent parfaitement leur unique étoile (sur cinq) et choisira à la place un de ces films de super héros mettant en vedette dans un costume archi-moulant cette actrice archi-connue qui fait la une des magazines populaires et dont le salaire, dit-on, atteint des sommets.