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En direct de mon manuscrit |
Je viens de terminer le dernier roman de François Blais — La seule chose qui intéresse tout le monde, L’instant même — et c’est très bon.
On dirait que quelque chose a cloché dans la mise en marché de ce roman, dont j’ai appris l’existence tout à fait par hasard et dont on semble n’avoir parlé dans aucune liste des livres d’ici de la rentrée (ou des livres de la rentrée d’ici). Rien par exemple dans la revue Les libraires, dans Le Devoir ou dans La Presse. Il est quand même question ici du nouveau roman du lauréat d’un prix du Gouverneur général !
Dans La seule chose qui intéresse tout le monde, on retrouve avec bonheur la langue précise de François Blais, les références à la culture populaire et à diverses œuvres littéraires anciennes et modernes, les fragments insérés dans la narration, etc. Blais respecte à sa façon les codes du roman de science-fiction en construisant un univers cohérent, ponctué des inévitables — et longuettes par moment — explications historiques et scientifiques. Je suspecte que l’écriture de ce roman a demandé à l’auteur un important travail de recherche.
(En passant, je me réjouis que Blais utilise le mot algorithme à bon escient et ne lui prête pas le sens restrictif aujourd’hui malheureusement répandu de « suggestion automatisée », voire de « technologie maléfique ».)
Malgré mon plaisir de lecture, ce roman a néanmoins été pour moi, en particulier dans son premier tiers, la source d’un léger malaise. La raison est toute personnelle : certains thèmes qui y sont abordés recoupent ceux d’un manuscrit sur lequel je planche depuis un an et demi. Futur proche, robots, intelligence artificielle, test de Turing, dystopie douce, refus du lieu commun de la machine toute puissante, clins d’œil au Québec d’aujourd’hui : je sais pertinemment que rien de tout cela n’est particulièrement original, mais je trouve embêtant de voir ce qu’un écrivain que j’apprécie réussit à faire de ces sujets. Ça me met sous le nez à quel point mon projet, dans son état actuel, est brouillon et mal ficelé.
En tout cas, si personne ne parle de son nouveau roman, j’ai bien peur que ça diminue les probabilités que dans un futur proche, on puisse rouler quelque part en Mauricie sur le boulevard François Blais.