Septembre s’installe.
Ils ont hésité toute la semaine. Les pins et les cèdres sont sur le point de muer. Le vert de leur feuillage taché d’or et de roux comme un avertissement des dégâts à venir. C’est la moitié de leurs aiguilles qui tombera bientôt sur le trottoir, dans les plates-bandes et sur le terrain. Mon râteau tressaille d’espérance.
J’aperçois ces derniers jours des oiseaux inhabituels, sans doute des espèces en transit dans leur voyage vers le sud. Je peine à les identifier. Je peux attester de juncos ardoisés, mais hésite au sujet d’un grimpereau brun. J’ai vu deux fois un grand héron dans l’étang de l’Ours, alors que ce dernier a été désespérément exempt de vie tout l’été.
Plus communs sont les petits groupes de dindons sauvages qui broutent, placides, en bordure des boisés. Les tamias rayés, les écureuils roux, gris et noirs s’activent, vont et viennent. On les imagine faire des provisions pour la saison froide. On les sent fébriles. Quoique de la part d’un écureuil, la fébrilité est en quelque sorte une seconde nature.
L’automne ne dure pas longtemps, dit-on. C’est la saison idéale pour la course à pied : il fait frais, il n’y a pas de mouches, la végétation change, la lumière devient oblique. Par contre, les collines et la gravité sont toujours les mêmes.
* * *
Le bois s’embrase
Les fougères fanent
Des oiseaux transitent
Dans l’accotement
Dans les faux plats
Je perds mes jambes
Je cherche mon souffle