Un troupeau d’outardes s’est établi dans le quartier. Elles passent souvent dans le ciel près de la maison, juste au-dessus de la cime des arbres. Ça brasse de l’air, ça cacarde en chœur, la grosse affaire. Et chaque fois, j’ai le sentiment que l’automne est déjà arrivé.
* * *
Je cours dans une piste du parc national, assez large parce que destinée aux marcheurs et aux vélocipèdes. Je remarque un tamia rayé plus loin devant dans le sentier. Il est assis et grignote un truc qu’il porte à sa bouche avec ses deux petites pattes antérieures. Je me range un peu et passe près de lui sans ralentir le pas. Tout minuscule à mes pieds, il reste là à mastiquer et m’ignore complètement. On dirait que les animaux sauvages le sont de moins en moins.
* * *
Concentré et systématique, un pic flamboyant picosse au pied du pin devant la maison. Il fore le sol en un endroit précis où il a sûrement trouvé un nid d’insectes. Je préfère cela à cette drôle d’idée qu’ont certains de ses congénères de venir aux aurores cogner sur la corniche, juste au-dessus de mon lit.
* * *
Cela fait plusieurs jours que je n’ai pas vu le tamia rayé qui avait ses habitudes chez moi, celui qui traversait la terrasse avec moult précautions. Depuis que la voisine a capturé un suisse qui avait envahi son cabanon, je me demande si elle n’a pas assassiné mon ami. Par ailleurs, compte tenu de la population de tamias dans le coin, je ne peux pas dire que cette disparition m’empêche de dormir.
* * *
Mimétisme. La sauterelle qui bondit, s’envole et se transforme en papillon. Le sphinx colibri (Hemaris thysbe) qui butine les fleurs en imitant l’oiseau-mouche. La couleuvre dans le sentier, immobile, qui mime une brindille. Saturne près de l’horizon qui se prend pour l’étoile la plus brillante du ciel.
* * *
Les quenouilles éclatent, quelques arbustes rougissent, des zones du sous-bois ont commencé à faner. Les nuits rafraîchissent, ma blonde met le chauffage. Amélie Nothomb. Le mot circule : l’automne est à nos portes. Tenons-nous-le pour dit.