6 mai 2020

Les mains gercées (9)

(Source: Wikipedia)





La métropole est à feu et à sang
C’est devenu intenable
On raconte qu’en campagne, c’est plus sûr
Encore faut-il pouvoir s’y rendre

Ce jour-là, c’en est trop
Nous tentons une évasion de nuit
Le passeur se fait appeler Gringo
Il a des relations

Nous nous présentons au rendez-vous
Avec un simple baluchon
Mille dollars comptants
Et la peur au ventre

Nous voilà tapis à l’arrière d’un fourgon
Coincés dans un espace vide
Entre des boîtes de matériel sanitaire
On n’entend que le sourd grondement du moteur

L’obscurité est complète
On roule longtemps, puis
Le camion s’arrête
Un barrage routier

Ils vont demander d’où vient le camion
Ils vont exiger d’en inspecter le contenu
Ils se méfient des vagabonds
À cause du virus

Le moteur continue de tourner
On perçoit une conversation étouffée
La porte à rideau qui s’ouvre
On serre les dents

On retient notre souffle
Ils ne déplacent pas les caisses
Ils referment la porte
On repart

On nous laisse au bord d’une route
Il fait encore nuit
Nous prenons à travers champs
Courons nous mettre à couvert

La ville est loin, maintenant
La ville et les milices
La ville et les zombies
La ville de tous les dangers

Bien sûr, la menace rôde toujours
Mais l’air ici est moins pesant
On peut même sentir dans la brise
Comme une odeur de liberté



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