17 avril 2020

Le syndrome du confinement

        — Docteur, je n’en peux plus de travailler à la maison sans sortir. Je passe du lit à l’ordinateur à la salle à manger à l’ordinateur au canapé. L’appartement est trop petit. J’étouffe.
        — Oui, je sais. C’est ce qu’on appelle le syndrome du confinement. Par contre, reconnaissez que vous êtes un privilégié. Vous avez encore un emploi.
        — Je comprends, mais travailler me pèse. J’ai besoin de vacances, de prendre une pause, je ne sais pas, lire un livre, faire du pain.
        — Je sais. Je vais vous prescrire un antidépresseur, ça vous aidera à passer au travers.


*


        — Docteur, cette paranoïa me rend fou. Je vais faire les courses, c’est la folie. Je suis pourtant conscient que les risques d’attraper le virus au supermarché sont assez faibles, mais l’atmosphère est à couper au couteau, tout le monde s’évite.
        — Oui, je sais. C’est ce qu’on appelle le syndrome du confinement.
        — De retour à la maison, ma blonde nettoie les conserves. Et les policiers qui ratissent le quartier. Que cherchent-ils ? Tout ça m’angoisse.
        — Je sais. Je vais vous prescrire un antidépresseur, ça vous aidera à passer au travers.


*


        — Docteur, il y a trop d’humoristes. Ils sont partout : à la télé, à la radio, dans les réseaux sociaux, dans le journal. Je n’en peux plus.
        — Oui, je sais. C’est ce qu’on appelle le syndrome du confinement.
        — Ils ne sont pas drôles. Ça me déprime. Et on nous dit que ça va durer encore des mois.
        — Je sais. Je vais vous prescrire un antidépresseur, ça vous aidera à passer au travers. Ça va bien aller.


*
*  *