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Le dernier jour
C’est comme un running gag
On redoute ce moment toute sa vie
On s’imagine une mise en scène
Hollywoodienne
Dans une pénombre bienveillante
Pendant que ses proches le réconfortent
Le mourant dans un lit douillet
Formule des aphorismes pour la postérité
Mauvaise nouvelle :
La réalité
Se calice
Du romantisme
À matin, c’est le chaos
La réalité trop crue
Un coup de poing dans la face
Tu te tords
Ta douleur, tes geignements me percent
Comme la coque d’un Titanic
Se déchire dans les glaces
Tes yeux, ta bouche de noyé
Le poignard entre lentement dans les chairs
La faux glisse sans effort sur les blés
Le vent porte le poison
Dans la chambre, on navigue à vue
Je cherche en vain la bouée de sauvetage
Les larmes n’y peuvent rien
Pendant ce temps, dehors, le solstice d’été resplendit
Le calvaire
Plus tard, les drogues te montrent le chemin
Ta respiration profonde
Comme le ressac
Cadence le temps qui te reste
Ton corps battu
Tu gis sur le dos
On a changé tes draps
C’est un sommeil trompeur
Tu es le miroir, tu es l’oracle
Tu es la boule de cristal
Tu me chuchotes à l’oreille
La fin de l’histoire
Tu es sourd, mais je te fais mes adieux
Sans cérémonie
Sans savoir que lorsque j’aurai le dos tourné
Tu vas mourir
À peine revenu chez moi
Cet appel téléphonique
Ce moment redouté
Le clac de la guillotine
Et l’oracle médical
Se sera ainsi réalisé
Voilà en quelques mots
Tes derniers jours
Le chant du souvenir
Et de l’impermanence
On se réveille un matin
Et on découvre
Stupéfait
Que la montagne derrière chez soi a disparu
Alors, il faut répéter la routine
Il faut que je vaque, il faut que je soupe
Il faut que je continue à vivre
En attendant
*