23 novembre 2019

L’angoisse des écureuils

Un minuscule écureuil roux arrive en sautillant. Il s’arrête devant la fenêtre, effectue une danse de Saint-Guy et détale. Un gros écureuil gris vient gosser sous le pin un moment, puis poursuit son chemin. Plus tard arrive un autre écureuil gris (ou le même, qui sait). Il creuse dans la neige, trouve quelque chose, grignote, reprend ses recherches par bonds rapides. Tous ces écureuils qui ratissent les terrains à la recherche de nourriture, c’est à se demander si l’hiver hâtif les a pris de court dans leurs préparatifs. Il me semble que chaque année, c’est la même panique. Ces petits rongeurs ne sont pas plus organisés que les humains qui se précipitent tous en même temps chez le garagiste pour faire installer leurs pneus d’hiver.

Hier soir, alors que nous étions sur la route, nous écoutions comme d’habitude l’Accent des autres sur ICI Radio-Canada première. J’adore cette émission. C’est un journal d’information auquel participent Radio-France international (RFI), la Radiotélévision suisse, la Radio-télévision belge francophone (RTBF), Radio-Canada et France Inter. Un journaliste de chaque chaîne francophone publique présente un topo concernant son pays. On découvre des histoires différentes, dont on ne parle habituellement pas chez nous aux actualités, présentées selon des perspectives différentes. À chaque émission, deux ou trois mots ou tournures de phrase me mettent de bonne humeur, pas nécessairement des régionalismes, seulement des mots que les journalistes n’utilisent pas ici. En prime, le débit chantant de l’animateur est une merveille. Une émission de radio qui permet un bref moment de se sortir la tête des affres du nombril québécois.

Le ciel est bleu. Presque neuf heures et les ombres s’allongent encore sur la neige. Aucune voiture n’est encore passée dans la rue. Je m’imagine que cette nuit, pendant que je dormais, la population du Québec a été décimée par un virus mortel et que je suis le seul survivant. Des oiseaux volent de branche en branche. Un autre écureuil qui fouille. Ces rongeurs sont de véritables boules de stress, ils ne tiennent pas en place. Leur vie semble hautement anxiogène.

Je me demande : les écureuils ont-ils aussi un nombril ?