Ce matin, il fait trois degrés et c’est la flotte. Il pleut sans discontinuer. Une goutte s’est formée au bout de chaque épine du pin, qui semble lui aussi un peu déprimé par la météo. Une voisine passe avec son chien, un pitou bouclé bas sur patte; elle lui a mis sur le dos une espèce de vêtement imperméable rouge qui ressemble à une cape de superhéros. Sinon, c’est mort sur la rue. Les voitures garées devant les maisons attendent, stoïques, que leur propriétaire se décide à sortir. Les oiseaux se font discrets; tout au plus entend-on parfois le cri du geai bleu.
La vieille dame d’en face sort de chez elle, verrouille sa porte, marche d’un pas rapide jusqu’à sa voiture dans laquelle elle monte; elle en ressort cinq secondes plus tard pour retourner en trottant vers sa maison, déverrouille sa porte, entre, ressort après un bref moment, verrouille de nouveau et retourne à sa voiture la tête dans les épaules. Elle démarre et s’engage sur l’avenue; la voiture quitte par la gauche le cadre de l’écran que forment les fenêtres de la salle à manger. Elle avait sans doute oublié quelque chose à l’intérieur, me dis-je.
Ça ne bouge toujours pas, en haut. L’avant-midi est déjà bien avancée. Je monte voir si ma blonde est morte dans son sommeil; après vérification, non, elle n’est pas morte.
Je considère la préparation d’un autre café, malgré l’heure du dîner qui approche. Ces dilemmes du dimanche matin. Celui-ci n’est toujours pas résolu au moment d’écrire ces lignes.
Il pleut toujours. Les journées comme celles-là ont été inventées pour la lecture. J’ai justement un livre en train, que j’égraine lentement, mais sûrement, chapitre par chapitre, page par page depuis une couple de semaines. Peut-être pourrai-je aujourd’hui en clencher quelques chapitres, entre deux siestes ?