J’ai acheté ce roman écrit par un auteur muet et qui s’intitule Moleskine. Bien qu’il fasse 240 pages, j’ai mis à peine cinq minutes pour le lire. Ensuite, plutôt que de le laisser ramasser la poussière dans les rayons de ma bibliothèque, je lui ai donné une deuxième vie en l’utilisant comme calepin.
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Scène du quotidien
Je croise un voisin, je lui dis « Bonjour », il me répond « Bonsoir », je constate en mon for intérieur qu’en effet, il est dix-huit heures trente, c’est le soir et le soleil est couché, et je me trouve un peu con.
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La preuve que la Terre n’est pas plate, en tout cas pas parfaitement plate, c’est que si je pose une bille sur le plancher de ma salle à manger, elle va rouler jusqu’à mon salon.
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C’est lors de l’autopsie qu’on découvrit que son éternel manque de confiance en soi avait fini par faire pousser en son sein un gigantesque for inférieur.
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L’idée du calepin, ce petit livre aux pages blanches dans lequel je noterais des pensées et des poèmes avec une belle plume fontaine, le potentiel que ce calepin représente, le plaisir d’écrire et — surtout — celui d’avoir écrit, l’image romantique qu’il dégage, moi qui deviens écrivain grâce à lui : tout ça ne change rien au fait que chaque fois que j’achète un calepin, je barbouille quelques lignes sur les trois ou quatre premières pages avant de l’abandonner pour de bon et de revenir à mon téléphone, à ma tablette, à mon ordinateur, à des bouts de papier épars.