20 janvier 2019

Gluons

La fois où j’ai eu l’air le plus fou, fort heureusement, il n’y avait personne, aucun témoin. J’étais parfaitement seul. Sur le coup, j’ai quand même rougi pour la forme; j’ai eu honte un moment dans mon for intérieur, avant de me dépêcher d’oublier ce moment embarrassant.

Je l’avais échappé belle.


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Est-ce que le dernier Houellebecq est en vente au Houallemart ?


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Dans son rapport, le coroner fut sans pitié. Il écrivit : « Il ne fait pas de doute que la cause du décès du jeune Kéveune est sa stupidité. »




Je viens de terminer la lecture du roman Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras. J’ai par moment eu une impression de déjà vu, comme si j’avais lu ce livre il y a longtemps, mais que je l’avais oublié. Ce n’est pourtant pas le cas; enfin, il me semble. Quel roman puissant et terrible. Je me suis reconnu dans le personnage de la mère, cette folle, sa concession, ses terres inondées, stériles et perdues; ça me faisait penser à ces mots que j’aligne inutilement, ce blogue insignifiant, la conspiration des lointains agents cadastraux véreux qui refusent mon manuscrit. Je ne lis pas suffisamment et pas suffisamment de grands auteurs, de ceux qui sont morts et qui ont passé l’épreuve du temps. Ces lectures sont un oxygène pour le cerveau, pour ces zones du cerveau qui servent à écrire. J’en ai bien besoin si je veux continuer à nourrir ce blogue, à taper des mots, des phrases, encore et encore, avant de m’éteindre un jour peut-être comme le personnage de la mère :

« Bientôt la mère ne remua plus du tout et reposa, inerte, sans aucune connaissance. […] Peu avant qu’elle eût cessé de respirer, les expressions de jouissance et de lassitude disparurent, son visage cessa de refléter sa propre solitude et eut l’air de s’adresser au monde. Une ironie à peine perceptible y parut. Je les ai eus. Tous. Depuis l’Agent du cadastre de Kam jusqu’à celle-là qui me regarde et qui était ma fille. Peut-être c’était ça. Peut-être aussi la dérision de tout ce à quoi elle avait cru, du sérieux qu’elle avait mis à entreprendre toutes ses folies. » (Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique, Gallimard, édition numérique, 2013.) 


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La fois où j’ai eu l’air le plus fou, j’étais parfaitement seul. Je croyais pouvoir oublier ce moment embarrassant, le moment où j’avais cliqué sur le bouton Envoyer, mais c’était sans compter sur la mémoire d’éléphant de l’Internet et ces photos de mes parties intimes continuent aujourd’hui à faire le tour du monde.