Je me suis mis à la course à pied il y a tout juste 8 ans, le 28 décembre 2010. Je n’ai jamais arrêté depuis. J’avais alors 43 ans et je crois que j’en ai eu assez d’être sédentaire. J’ai été inspiré par des proches plus sportifs que moi, au premier chef ma blonde. La course semblait un sport parfait pour moi : introspectif, semblable à la marche — je marchais déjà beaucoup au quotidien —, qui se pratique en ville, qui ne demande que peu d’équipement, un sport où l’opiniâtreté plus que la technique est un moteur, oui, je pouvais essayer, ça pouvait peut-être m’emmener quelque part.
Ça m’a emmené loin.
J’ai couru au quotidien, j’ai couru en voyage — sur la plage, en montagne, en forêt, dans des parcs, sur la Strip —, j’ai couru sur des tapis roulants, j’ai couru le matin, le midi, le soir, j’ai couru par 30 °C et par -25 °C, j’ai couru avec de la musique, en écoutant une (oui, une) balado, j’ai couru au son de la ville, des oiseaux, du silence. J’ai franchi des fils d’arrivée en souriant, en pleurant, en claudiquant. J’ai soigné des bobos du corps et de l’esprit. J’ai couru et j’ai beaucoup réfléchi.
Les statistiques constituent un élément de motivation important dans ma pratique de ce sport. On pourrait qualifier cette habitude de trouble obsessionnel compulsif : je note scrupuleusement toutes mes courses dans une feuille de calcul depuis ma toute première sortie. Le 28 décembre 2010, il y a tout juste 8 ans, j’ai parcouru (avec des chaussures inappropriées) 3,1 km à une cadence de 8 min 9 s. C’est donc grâce à cet inventaire exhaustif que je sais que j’ai couru hier après-midi mon 9 000e kilomètre depuis le début de cette aventure. Le 29 décembre 2018, j’ai fait 9,5 km avec une cadence de 5 min 51 s et des souliers idoines.
À titre indicatif, ces 9 000 kilomètres représentent 36 fois la distance Montréal-Québec ou un peu plus du cinquième du tour de la Terre. Ça paraît beaucoup pour le néophyte, mais ça demeure d’un niveau récréatif.
Malgré mon âge — et puisque j’ai commencé à courir relativement tard et que je n’ai jamais atteint un niveau de performances hors du commun —, je présume que je suis encore capable de maintenir, sinon d’améliorer un peu, mon temps sur la distance du demi-marathon (et peut-être, si je puis me permettre cette présomption, du marathon). Je sais que bientôt, il faudra que j’accepte que mes temps s’allongent. Peu importe. À moins d’une blessure grave ou d’une éventuelle incapacité, je compte bien continuer à ajouter des données dans mon fichier tant que je trotterai sur mes deux jambes.
Et on verra bien où cela me mènera.