Il pleut sous les arbres, mais c’est bel et bien de la neige qui tombe du ciel. Petit matin d’entre deux saisons. La rue est nappée d’une épaisse couche de sloche, striée de rares traces de voitures. Une neige collante s’agrippe tant bien que mal aux branches des cèdres. Tout ça n’a rien de très sérieux, peut-être, mais on n’est même pas encore à la mi-novembre. La vie est une succession de saisons. Chacune d’elles implique une transition plus ou moins longue, une anticipation et des préparatifs particuliers. Chaque année, c’est le même cycle qui recommence, avec suffisamment de différences pour garder un léger suspense. Nos plans de la fin de semaine ne prévoient aucun rebondissement. Il peut bien neiger tant que ça veut. On est prêt pour l’hiver : le gros des aiguilles de pin est ramassé, les gouttières sont nettoyées, le cabanon est rangé et dans le pire des cas, la pelle est à portée de la main.
J’ai rayé la phrase : « De toute façon, ça ne restera pas. » La neige tombe maintenant avec un peu plus d’intensité. Mieux vaut garder pour soi ses pronostics et aller se préparer un autre café.