Vers mes vingt ans, j’ai entrepris d’écrire une série de textes sur mon enfance, avec l’idée, je crois, d’embellir l’histoire en la romançant, en la décrivant à hauteur d’enfant. Il me semble avoir alors été influencé par la lecture de Poil de carotte de Jules Renard. Comme tous mes projets littéraires de l’époque, ça s’est vite terminé en queue de poisson. Fouillant dans mes archives personnelles, j’ai récemment retrouvé ces textes, sous forme d’une mince liasse de feuilles ressemblant à un listing informatique, avec ses petits trous dans les marges latérales et ses caractères carrés et pâlots. J’ai pu constater que je n’avais jadis réussi à pondre que trois brefs textes :
- Une histoire de ma toute première visite à la maternelle, ma mère qui m’y accompagne et ma rencontre avec E***, qui deviendra pendant un temps mon meilleur ami.
- Une histoire de pêche avec mon père, alors que je n’ai aucun souvenir d’être allé à la pêche avec mon père. Nous n’avons d’ailleurs à ma connaissance jamais eu de canne à pêche et d’agrès à la maison (mais je peux avoir oublié). Je crois qu’il s’agissait simplement d’une anecdote inventée pour faire mignon.
- Le récit d’un des nombreux mauvais coups de N*** dont j’ai été sinon complice, du moins le témoin silencieux (et parfois horrifié). Cette fois-là, il avait empoisonné son chien à l’aide d’huile à moteur, une histoire malheureusement authentique.
Cette prose, je dois l’avouer, était assez mauvaise. Sitôt exhumés et lus, je me suis empressé, honteux, de faire disparaître ces quelques feuillets dans le bac de recyclage.