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(Source: Wikipedia) |
C’était une de ces journées où les musées sont gratuits; ainsi me suis-je permis de n’en faire qu’un tour rapide. La collection permanente était présentée comme il se doit en ordre chronologique. J’ai traversé les sections modernes sans trop y porter attention; je ne m’attendais pas à y apprendre grand-chose de toute manière. J’ai donc à peine jeté un œil au fonds numérique, aux volumes de papier chloré et aux tapuscrits. Guidé par les indications, j’ai ensuite atteint un chapelet de salles consacrées aux livres anciens. C’était déjà plus intéressant. Je suis quand même passé sans trop m’attarder. Y étaient exposés divers in-folios aux pages jaunies, de gros bouquins reliés de cuir, datant de l’ère post-Gutenberg. Plus loin, j’ai débouché dans un hall qui offrait aux visiteurs quelques codex disposés dans des vitrines. J’ai observé un moment ces ouvrages au texte calligraphié, leurs lettrines et leurs enluminures multicolores. Je me suis demandé ce qu’étaient devenus les gens qui avaient méticuleusement dessiné ces pages, chacune d’elles une petite œuvre d’art, mais si difficilement déchiffrable de nos jours. Ensuite, un couloir menait à une salle à l’éclairage tamisé. Était présenté là le clou de l’exposition : sous verre, on pouvait contempler de rares fragments d’un papyrus et une tablette de terre cuite couverte d’inscriptions. Je me suis penché sur ces reliques avec intérêt, bien que leurs pattes de mouches me rappellent le texte des phylactères de Woodstock dans le comics strip Peanuts. Je me suis aussi demandé si les historiens ne se seraient pas fourvoyés et qu’il ne s’agissait pas là simplement d’horaires de bus ou de magazines à potins millénaires. Des bouts de papier noircis et quelques tessons marqués de vagues inscriptions : voilà tout ce qui subsistait de nos ancêtres lointains. Encore quelques centaines d’années et, malgré tout le soin que ce musée déploierait en conservation, tout cela deviendra poussière. Cette salle était la dernière de l’exposition. J’ai suivi un escalier, en bas duquel se trouvaient la boutique du musée, le vestiaire et la sortie. Sur le trottoir, j’ai regardé l’heure et j’ai pris le chemin du métro le plus proche. Je ne savais trop quoi penser de ce musée. Les objets anciens sont porteurs d’émotion, mais aussi de mystère. Je venais de faire un voyage dans le passé, sans bien saisir ce que j’avais vu. Et puis cette collection était bien trop modeste. Beaucoup de flafla pour pas grand-chose. Rien qu’on ne pouvait pas voir dans n’importe quel musée. Passant la porte du métro, je me suis dit que la prochaine fois, j’irai plutôt au cinéma.