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Très rares sont les adultes qui se souviennent d’événements survenus avant l’âge de trois ou quatre ans; très rares sont ces souvenirs. C’est qu’une amnésie infantile est à l’œuvre alors même que nous traversons l’enfance. À mesure que l’enfant grandit, la mémoire de ses années préscolaires s’efface peu à peu et les événements dont il se rappelle sont de moins en moins nombreux. Les souvenirs de la petite enfance que nous conservons tout le reste de notre vie se cristallisent vers dix ans environ; on en viendra ensuite à se répéter les quelques mêmes très vieux souvenirs toute notre vie. Il ne semble pas y avoir de consensus scientifique sur ce qui explique quels souvenirs anciens persisteront dans notre mémoire. Des recherches ont démontré que les souvenirs les plus chargés d’émotion seraient plus durables. D’autres études ont proposé des hypothèses différentes. Ainsi va la science. Ce phénomène normal d’amnésie infantile inquiéterait certains parents, fâchés que leur progéniture devenue plus vieille ne se rappelle plus, contrairement à eux, les événements heureux qui auront fait partie de son développement. Cette préoccupation de la part des parents me semble bien égoïste. Franchement, qui veut revivre ce moment glorieux où il a enfin fait son premier pipi sur le pot? Croyez-moi : l’oubli a aussi du bon.