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(Source: MechaniCalculator) |
Traînaient à la maison des reliques du passé, en tout cas d’un passé antérieur aux années 1970, des objets que je reconnaissais déjà alors comme étant anciens. Par exemple, le gros téléphone noir à cadran installé au sous-sol; le genre d’objet inusable qui n’a laissé sa place que lorsque nous nous sommes finalement convertis au Touch-Tone. Par exemple, le calculateur mécanique qui permettait d’additionner en déplaçant un mécanisme à l’aide d’un stylet pointu; un objet qui traînait sur une étagère et que personne n’utilisait jamais, mais qui était pour moi une source de fascination. Par exemple, l’ancien appareil photo 35 mm de mon père, un Kodak avec viseur indépendant, qui avait été remplacé par un appareil 35 mm reflex plus moderne; le vieil appareil avait quand même meilleure allure, avec son petit boîtier en métal et son étui de cuir. Par exemple, l’étole faite d’une peau de vison et dont une des extrémités était la tête empaillée de l’animal; un article de mode que je n’ai jamais vu au cou de ma mère, mais entreposé avec des manteaux et d’autres vieilleries dans le coffre de cèdre dans la cave. Par exemple, la vieille encyclopédie médicale pleine de photos de scoliose aigüe, de dermatose carabinée, de tumeur buccale géante, de spectaculaire cas d’hydrocéphalie, et autres difformités et pathologies; disons que ce bouquin ancien s’avérait pour moi davantage une source de sensations fortes et de rires (jaunes) que de science. Le temps passe, les modes et les goûts changent, on achète de nouvelles choses, on jette les vieilles pour faire de la place; malgré cette fuite vers l’avant — la détérioration, l’obsolescence, l’avancement technologique, le désir de nouveauté —, pour toutes sortes de raison, certains objets autour de nous survivent plus longtemps que les autres et deviennent autant de capsules temporelles offrant un bref aperçu du passé.