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(Source Wikipedia) |
Madame Desrosiers est professeure de musique à l’école primaire. Elle adore le chant choral; peut-être parce que cela la repose d’entendre la cacophonie d’une classe de petits monstres qui tente de jouer du glockenspiel à l’unisson. Elle nous fait apprendre des chansons populaires (je me rappelle en particulier Gilles Vigneault et Michel Fugain, des cantiques de Noël). Évidemment, nous ne sommes que de jeunes enfants sans compétence particulière pour la musique, les arrangements sont donc minimalistes : il n’y a pas d’harmonies et tout le monde chante la mélodie principale. Réussir à ce que la classe mémorise le texte et chante à peu près juste et à peu près en même temps est pour Madame Desrosiers un défi suffisant. À l’occasion, disons une fois par année, il y a à l’école primaire un grand spectacle. On regroupe tous les élèves dans le gymnase, qui devient aussi un auditorium grâce à son estrade rétractable. Ces spectacles sont l’occasion de mettre en lumière les efforts déployés par Madame Desrosiers pour faire de ses morveux des choristes. Elle dirige la classe avec beaucoup trop d’enthousiasme, pendant qu’on entonne Jack Monoloy avec hésitation. Je ne répugne pas à chanter, le répertoire ne m’est pas totalement inconnu : je me prête donc au jeu avec plaisir. Il y a cependant dans le groupe quelques enfants qui n’ont aucune oreille ou qui sont incapables de contrôler leurs cordes vocales. Lors des spectacles, Madame Desrosiers exige que ces pauvres petits, debout en rang parmi les autres, fassent du lips synch, c’est-à-dire qu’ils miment les paroles avec leur bouche sans produire de son. J’y repense et je ne suis pas certain que les méthodes de Madame Desrosiers aient été conformes au programme pédagogique du Ministère de l’Éducation de l’époque.