30 juin 2018

Passé simple (73) — Nature

(Image tirée de Peterson Field Guide, version interactive)



On entendait des chants d’oiseaux toute la journée, sans même s’en rendre compte. Les corneilles dans les pins, aux petites heures. Les merles qui chassaient des vers sur la pelouse autour de la maison. D’autres oiseaux encore dont on ne connaissait pas le nom, jusqu’à ce qu’un jour, on devienne curieux et qu’on se procure un guide Peterson. Une famille de tamias avait son terrier sous la galerie d’en avant. À quelques mètres de la maison, un champ en friche plein de fleurs et d’herbes sauvages. Plus loin, le bois du Séminaire. Le quartier avant que l’urbanisation ne le rattrape tout à fait. Pendant les vacances, on partait en camping et c’était l’occasion de vivre dans la nature. Mon père nous faisait voguer sur des lacs dans le canot de bois, une expérience rare et magique; le reste de l’année, le canot ne redevenait qu’une épave rouge et inutile sur son support dans la cour de la maison. La nature vient avec ses inconvénients, en particulier les piqûres d’insectes : maringouins, mouches noires, brûlots, mouches à chevreuil. En camping, se gratter constituait une activité en soi. On s’aspergeait de chasse-moustiques en aérosol des pieds à la tête. La nature était à hauteur d’enfant, je la découvrais avec candeur, sans intérêt encyclopédique, simplement pour ce qu’elle me donnait de formes, de couleurs, de parfums et de bruits. J’ai eu la chance de comprendre jeune que la nature se suffit à elle-même et n’a pas besoin des humains pour exister.