27 juin 2018

Passé simple (72) — Camping




On se réveille le matin au son des oiseaux qui piaillent, des écureuils qui se chamaillent, des cocottes qui tombent sur le toit de la tente-roulotte. On déjeune dans la tente-cuisine, sur la table à pique-nique. Selon l’endroit où l’on se trouve — côte est du New Jersey, parc du Mont-Orford ou ailleurs —, on passe la journée à la plage, sur le bord d’un lac ou en excursion. À la plage ou au lac, on se baigne, on joue, on lit des bandes dessinées, on se fait bronzer en plein soleil. On se magasine sans doute un cancer de la peau. Le soir, on fait cuire des patates en papillote — on dit en robe de chambre — et griller des steaks sur le petit hibachi (comment on y arrive, je n’en sais rien, le petit hibachi est minuscule et la famille, nombreuse). Pendant les préparatifs du souper, on bizoune dans le bois, près du campement. On en profite pour ramasser des brindilles pour le feu de camp à venir. On soupe sur la table à pique-nique, dans la tente-cuisine. On fait ensuite la vaisselle en famille. En soirée, on fait un feu de camp. Chante-t-on des chansons autour du feu? Ça arrive. On observe les flammes jaune-orange lécher les bûches, les braises incandescentes. On regarde les étoiles. Parfois, on fait chauffer du pop-corn, du Jiffy Pop, cette assiette d’aluminium au-dessus de laquelle gonfle un champignon de papier d’aluminium savamment plié. Ça finit toujours par brûler dans le fond, c’est à peine mangeable. À l’heure de se coucher, on fait un aller-retour jusqu’à la salle de bain la plus proche en illuminant les feuilles des arbres par le dessous avec nos lampes de poche. On se glisse dans nos sacs de couchage et on s’endort vite, soûlés par le soleil, le grand air et la boucane du feu de camp.