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Mes parents me redisent parfois à quel point j’étais un enfant tranquille, qu’on pouvait asseoir dans un coin avec quelques bricoles, des voitures miniatures — on disait petites autos —, un tas de LEGOs, la base lunaire Major Matt Mason héritée de mon grand frère — qui ne me refilait pas que son vieux linge —, du papier et des crayons, le kit de figurines Johnny West de ma grande sœur — Johnny West, Janice West, Chief Cherokee et le cheval — ou une pile de vieux magazines LIFE. Il paraît qu’on pouvait me laisser là avec mes bébelles presque sans surveillance et que je disparaissais, bizounant pendant de longues heures sans mot dire. On imagine que des parents d’aujourd’hui auraient paniqué à la vue d’un enfant si apathique; ils se seraient précipités chez le psy où on n’aurait pas tardé à me diagnostiquer une des innombrables nuances du très large spectre de l’autisme, d’une sorte plutôt légère quand même, de celle qui n’empêche pas de fonctionner en société (quoique), mais qui fait que le sujet joue tout seul dans son coin et ne semble pas trop mal s’en porter. Pour leur part, mes parents étaient sans doute fort aises que je sois si tranquille, ce qui leur permettait de vaquer à d’autres occupations, comme gagner leur vie, élever de nombreux enfants, administrer leur ménage, faire les corvées, voire se reposer un peu, d’aventure.