7 avril 2018

Passé simple (56) — Que faisiez-vous lorsque Kennedy est mort?

(Source Wikipedia)



Que faisiez-vous lorsque Kennedy est mort? Quand l’homme a marché sur la Lune? On ne peut généralement pas répondre à ce genre de questions. Déjà, l’histoire commence à un certain moment de notre vie. Avant cela, elle se déroulait sans qu’on en ait conscience. À la mort de Kennedy — John Fitzgerald Kennedy, trente-cinquième président des États-Unis, assassiné le 22 novembre 1963 —, je n’étais pas né. Je n’étais même pas un espoir ou une potentialité; mes parents en avaient sans doute déjà assez sur les bras avec deux filles et un garçon. À cette question, la réponse est donc : nulle part. Des événements survenus pendant notre petite enfance, on n’a simplement aucun souvenir. À moins, bien sûr, d’inventer, pour faire intéressant. Vous aurez compris que pour ma part, je préfère la prudence et l’utilisation du conditionnel à l’autofiction. J’avais deux ans quand l’homme — plus précisément Neil Armstrong — a mis le pied sur la Lune. Ce que je faisais à ce moment-là? Je devais être en train de faire mon petit dodo de l’après-midi ou de m’amuser silencieusement avec des jouets comportant des pièces trop petites pour mon âge, parce qu’appartenant à mon grand frère. Bref, le genre d’activités auxquelles se livre un bébé de deux ans, mais dont je n’ai maintenant pas la moindre réminiscence. Et le mur de Berlin? Ce que je faisais lors de la chute du mur de Berlin? Bien qu’à cette époque, je fusse déjà adulte, je suis incapable de répondre à cette question. C’est dire à quel point mes souvenirs d’enfance sont peu fiables. De façon générale, je puis affirmer que j’étais à l’université et que je manquais désespérément de sérieux, mais si on veut être plus précis, le 9 novembre 1989 — c’était un jeudi —, va savoir ce que je fabriquais et, entre nous, que je n’en sache rien ne fait pas un pli au mur de Berlin.