15 mars 2018

Passé simple (49) — Hockey-balle (2)

(Source de l'image)



Je ne me rappelle pas avoir marqué un seul but. Dans ces parties de hockey-balle avenue Saint-Germain, je n’étais qu’un figurant. Je n’ai jamais eu de talent pour le sport, surtout les sports d’équipe. Le contrôle de mes mouvements, la perception de l’espace, la capacité à anticiper l’action, toutes ces qualités me manquaient alors et me manquent toujours. Je suppose que je courais péniblement après la balle, que je me trouvais toujours au mauvais endroit, que je ratais mes passes, que je tirais à côté du but. Lors de la constitution des équipes, j’étais sans doute toujours choisi dans les derniers, j’étais sans doute un de ces éléments faibles qu’on répartit également entre les deux équipes pour équilibrer le jeu. Malgré tout, j’aimais bien ces parties de hockey-balle, le plaisir de s’époumoner, l’exaltation des jeux de groupe et puis, il n’y avait pas trop de pression compétitive, tout le monde était surtout là pour s’amuser, on était une bande d’enfants, de copains. Je n’ai d’ailleurs souvenir d’aucune chicane, encore moins d’une bataille. Comme pour d’autres jeux avec les garçons de la rue, la partie se terminait pour moi au moment où mon père, du perron de la maison, sifflait (avec ses doigts, pas avec un sifflet comme un arbitre) pour me signaler que c’était l’heure d’aller manger. Ces parties de hockey-balle sur Saint-Germain auront été mes seules expériences de la pratique de ce sport national, lequel, je l’avoue, m’indiffère. Tout au plus m’arrive-t-il de m’intéresser aux Canadiens de Montréal si, d’aventure, ils réussissent à faire les séries. Oui, oui, je suis ce genre de personne.