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L’avenue Saint-Germain a été le théâtre de bien des parties de hockey-balle. Convergeaient sur Saint-Germain un nombre plus ou moins important de garçons du quartier et d’autres copains des quartiers limitrophes. Il ne s’agissait pas d’une ligue sportive : les équipes se constituaient sur place, avant la partie. On jouait toujours au même endroit : entre les maisons d’E*** et P***, qui habitaient l’un en face de l’autre. De façon à profiter d’une aire de jeu — je n’ose pas écrire patinoire — d’une bonne dimension, on installait les filets au milieu de la rue et on jouait dans le sens de celle-ci. Les tirs au but finissaient donc souvent en balles perdues, qui roulaient sur une bonne distance avant d’être rattrapées par un joueur défensif. Le quartier était assez tranquille et la rue assez peu passante pour qu’on ait le loisir de jouer un bon moment entre le passage de chaque voiture, événement qui déclenchait toujours le même manège : un joueur qui annonce l’arrivée d’un véhicule, le jeu qui s’arrête, les gardiens qui bougent les buts pour laisser le passage. La plupart du temps, il s’agissait d’un voisin qui, amusé par la marmaille, nous saluait en roulant très lentement. Nous avions aussi droit à l’occasion à un air de bœuf, voire des invectives. Avons-nous déjà eu la visite de policiers? Il me semble que non. Ou alors, ils nous auront dit « Bonjour » ou « Soyez prudent », sans plus.