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(Source: Wikipedia) |
Pendant que j’apprenais à marcher, à parler et à dessiner des bonhommes allumettes, pendant que j’allais à la petite école, se jouaient de grands moments dans l’histoire politique du Québec. Si j’étais bien trop jeune pour avoir eu conscience de la crise d’octobre — rappelons qu’il s’agissait d’octobre 1970 —, les années 1970 furent ensuite celles de la montée du Parti Québécois, jusqu’à son élection, en 1976. Le climat politique était alors en ébullition, assez pour que j’en perçoive, de très loin, quelques manifestations. Lors des fêtes familiales, lorsqu’on descendait à Québec chez ma grand-mère paternelle, certains mononcles s’emportaient en discutant de politique, assez pour que ça énerve grand-maman. Mes parents étaient quant à eux d’allégeance fédéraliste. Mon père détestait copieusement René Lévesque, qu’il appelait volontiers Ti-Poil (Ti-Pouèl), sobriquet qui avait cours en ces années-là. Sinon, l’antagonisme naturel des nationalistes québécois envers les Anglais — dénomination générique englobant tous les Canadiens anglais du Québec et du Rest of Canada, qu’ils soient d’origines anglaise, écossaise, irlandaise, allemande, italienne, chinoise, ukrainienne, états-unienne, mais surtout ottavienne —, bref, la haine des Anglais n’avait aucun écho à Saint-Hyacinthe, ceux-ci y étant si peu nombreux qu’on devait importer nos professeurs d’anglais langue seconde d’aussi loin qu’Otterburn Park, comme nous l’avons déjà évoqué. Du référendum de 1980, celui sur la souveraineté-association, je n’ai qu’un vague souvenir; tout ça s’est surtout passé à la télévision et dans les journaux. Je ne me rappelle pas avoir vu une seule affiche officielle dans notre patelin — les pancartes dont je me rappelle, le OUI avec la marguerite et la sépa-NON-ration, c’était quinze ans plus tard. En bout de piste, le non a largement remporté les suffrages dans notre circonscription. Il faut dire que Saint-Hyacinthe était un bastion fédéraliste, souvent en retard d’une ou deux tendances politiques; il fallut attendre 1981, en pleine déprime post-référendaire, pour qu’un péquiste y soit finalement élu. Tous ces événements ont donc glissé sur mon enfance comme l’eau sur le dos d’un canard. L’été, nous allions nous baigner à la piscine municipale, située non loin de la maison et qu’on appelait la piscine pool, parce que sa façade arborait en lettres majuscules blanches sur font vert forêt les mots PISCINE POOL. Je ne me suis jamais expliqué cette appellation bilingue qui demeura longtemps en l’état, même après l’adoption de la Charte de la langue française du Québec, en 1977.