10 mars 2018

Passé simple (46) — Décalage (2)

Boîte de Battleship sexiste (source: eBay)



Quand j’étais jeune, personne ne portait de tatouage. Personne, sauf peut-être les gars du bas de la ville, les vidangeurs, les gens louches ou les criminels. Les marins aussi, sans doute, mais je ne peux le jurer parce qu’il n’y avait aucun marin à Saint-Hyacinthe. Les femmes en position de pouvoir — députée, ministre, présidente d’entreprise, par exemple — étaient l’exception. L’année de ma naissance, cela faisait seulement 27 ans que les femmes avaient obtenu le droit de vote aux élections québécoises. Les hommes étaient généralement l’unique pourvoyeur des familles. Les hommes mouraient souvent d’un infarctus du myocarde. Les enfants s’inscrivaient dans des ligues de hockey et de base-ball, mais pas de soccer. À l’époque, personne ne jouait au soccer. À la petite école, on nous forçait à chanter le Ô Canada tous les vendredis matin. Il y avait des cours de catéchèse. Les sacrements religieux catholiques — la première communion, la confirmation, le sacrement du pardon — faisaient partie du curriculum scolaire. Quand j’étais jeune, tout le monde était blanc, francophone, catholique, hétérosexuel, monogame et si innocent.