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(Source : Wikipédia) |
La collection familiale comptait quelques dizaines de microsillons — on disait alors disques, comme tout le monde — tout au plus. On y trouvait un mélange d’artistes français, québécois et anglophones populaires dans les années 1960-1970 : Michel Fugain et son Big Bazar, un des innombrables albums de Gilbert Bécaud en spectacle à l’Olympia, Georges Moustaki, Michel Delpech, Jean Lapointe, Beau Dommage, les Beatles (les compilations rouge et bleue), Simon and Garfunkle, Cat Stevens. Il y avait aussi quelques disques de Noël, dont Michèle Richard et les Petits Chanteurs de Granby. Aussi : la bande sonore du film South Pacific, Neiges d’André Gagnon et l’étrange enregistrement de classiques de Debussy interprétés au Moog par Isco Tomita. Et puis ce pauvre disque de Brassens que mes parents avaient reçu en cadeau et que personne à la maison n’a jamais fait jouer. Détonnant du reste, un album de Deep Purple du début des années 1970. En prime, quelques 45 tours égarés. Ces disques ont tourné sur la platine fixée dans le fond du meuble du salon, les creux et vallons de leurs sillons de plastique faisant vibrer l’aiguille, ces impulsions étant amplifiées par des tubes à vide, transportées par une circuiterie et un câblage poussiéreux, puis transformées en vibrations sonores par les haut-parleurs ingénieusement dissimulés derrière un panneau de toile et un treillis de bois verni. Pour des raisons connues seulement de mon hypothalamus, lorsque j’entends aujourd’hui certaines des chansons de cette époque, aussi ringardes soient-elles, une inexplicable nostalgie m’enveloppe et, c’est plus fort que moi, je verse une larme à ces temps anciens.