14 janvier 2018

Randonnée post-apocalyptique

Après la pluie des derniers jours, la neige fraîche de la nuit et du matin a ramené l’hiver dans le bois. Les arbres se dressent, secs et nue-tête, se balancent dans la brise comme des grands enfants gênés. Il ne fait pas si froid. On s’est bien trop habillés. On sue, mais, les joues rouges, on trotte avec bonheur. À cette heure de l’après-midi, le soleil décline, des nuages luisants s’accrochent à la crête des montagnes. Les ombres bleues et jaunes barbouillent la neige. Le sentier déjà piétiné forme une croûte rigide et permet de progresser sans raquettes. Parfois, on voit affleurer un petit ruisseau : on ne sait plus trop ce qui couve sous nos pas, alors on marche du bout des pieds.

Le sentier monte un peu et mène à un point de vue en bonne partie obstrué par des conifères. On suppose que le roi du show est le sommet du mont Orford, qui est un peu perdu dans les nuages. On aperçoit une mésange furtive dans une talle de pruches. Elle souffle son petit cri ténu, à la limite de l’audible, avant de disparaître. Ce sera l’unique animal sauvage observé pendant l’expédition. Au retour, ça descend, mais pas assez pour qu’on soit tenté de glisser sur les fesses.

Dire qu’on nous annonçait la fin du monde. L’hiver n’appartient pas aux météorologues.



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