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(Photo © Richard Wintle. Utilisé avec la permission de l'artiste.) |
La famille, les enfants — à plus forte raison quand il y en a cinq — c’est aussi être prêt à parer aux éventuels bobos, malaises et maladies. Chaque enfant, c’est inévitable, connaîtra son lot de blessures, de coupures et d’infections; un enfant, ça apprend les limites de son courage et de son habileté en se pétant la fiole; un enfant, ça développe son système immunitaire en se frottant à son environnement et à ses proches. Toute maison se doit d’avoir un minimum d’articles dans sa pharmacie pour offrir les premiers soins. Chez nous, il y a les classiques: de la gaze, du ruban adhésif, une bouillotte, un thermomètre en verre, de l’aspirine, de la teinture d’iode, du mercurochrome, du bleu de méthylène, de la gelée de pétrole, de la pommade camphrée. On n’était pas encore entré dans l’ère de la chimie de pointe et des prescriptions à gogo; on perpétuait encore les remèdes de grand-mère et la médecine naïve. D’année en année, le contenu de la pharmacie devenait de plus en plus ancien et probablement périmé, en tout cas, les étiquettes de certaines fioles à peu près jamais utilisées tournaient lentement au jaune. De toute façon, ces articles jouaient surtout un rôle de placebo. Ainsi, lorsque ma mère me badigeonnait la poitrine et le cou de Vicks, ce n’était pas tant les effets du produit que ses caresses bienveillantes qui me soulageaient.