C’est la maison dans laquelle j’ai grandi, la maison des souvenirs d’enfance. Dans cette maison, il y a la chaîne stéréo dans un meuble ouvragé, son tourne-disque sur lequel j’empilais les 33 tours; il y a le sous-sol et ses murs en préfini; il y a la dépense sans chauffage qu’on appelait cave froide; il y a le foyer dans lequel mon père faisait brûler ce qu’on mettrait aujourd’hui au recyclage; il y a le pylône s’élevant dans la cour et nous permettant de capter les chaînes de télévision; il y a mon père sur le perron qui siffle pour me faire savoir que je suis en retard pour le souper alors que je joue au hockey-balle plus loin dans la la rue; il y a le spectacle apaisant de ma mère qui prépare un repas. Il y a la famille rassemblée autour de la table à manger. C’était une maison en brique de plain-pied dans un quartier résidentiel développé au début des années 1960. Elle a vu grandir, puis partir les enfants les uns après les autres. Elle a vu vieillir mes parents jusqu’à ce que, à contrecœur, ils doivent la vendre, la vider et aller vivre ailleurs. Malgré tout, la famille — l’esprit de famille — survit au lieu. Il n’en reste pas moins que la maison familiale, avec toutes les émotions qui l’ont habitée, n’est plus dorénavant qu’un souvenir de plus qui ramasse la poussière dans ma mémoire brisée.