21 janvier 2017

Rognures (2)

[Résumé de l’épisode précédent: plus personne n’ose dire le mot mort; notre écriveron continue de publier des fragments et à faire des listes inutiles.]



Vivre, c’est décéder un peu.


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Filmographie partielle


Gilles Carle, Le décès d’un bûcheron.

Alfred Hitchcock, Le décès aux trousses.

Anne Claire Poirier, Décéder à tue-tête.

Roman Polanski, La jeune fille et le décès.

George A. Romero, La nuit des décédés-vivants.

Bertrand Tavernier, Le décès en direct.

Luchino Visconti, Décès à Venise.


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Nos places étaient dans la première rangée. Pendant tout le spectacle, j’eus la désagréable impression d’être un intrus à l’orée de la scène, dans l’intimité des artistes; ils étaient bien trop près, on pouvait percevoir des détails qui n’étaient pas faits pour être vus : un vêtement élimé, des pièces de décor abîmées, des mouvements en coulisse. J’avais constamment peur que le regard d’un acteur croise le mien. C’est ainsi que j’ai découvert qu’au théâtre, le quatrième mur se situe tout juste derrière la première rangée.


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Dans un univers parallèle, ce blogue s’intitule La machine à écrire.

Dans un univers parallèle, les univers parallèles n’existent pas.

Dans un univers parallèle, le verre est à moitié plein.

Dans un univers parallèle, le facteur sonne toujours trois fois.

Dans un univers parallèle, deux droites parallèles finissent parfois par se rejoindre en une douce étreinte.

Dans un univers parallèle, les imbéciles ne deviennent pas président des États-Unis.

Dans un univers parallèle, time is money.

Dans un univers parallèle, la genre féminine l’emporte sur la masculine.

Dans un univers parallèle, Réjean Ducharme a écrit un roman intitulé L’été de force.

Dans un univers parallèle, toutes les semaines ont quatre jeudis.

Dans un univers parallèle, on se demande s’il n’existerait pas quelque part un univers perpendiculaire.


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Dans un univers parallèle parfaitement superflu, tout est identique à notre monde, tout s’y passe de la même manière, en simultané.