21 septembre 2016

Il (ne) faut (pas) confondre l’Internet et internet

J’effectue ces jours-ci les ultimes retouches à mon livre à paraître.

Or, dimanche soir, en lisant le premier chapitre d’un roman (Oscar De Profundis, de Catherine Mavrikakis, chez Héliotrope), je tombe sur le mot internet, avec un i minuscule. Ce choix éditorial crée en moi un doute (un de plus!). Pour ma part, depuis toujours, j’écris l’Internet, avec l’article et la majuscule.

Je travaille dans le domaine des technologies, ce mot fait donc forcément partie de mon vocabulaire quotidien; j’ai des cheveux gris, ça fait donc longtemps que je l’utilise. Aurais-je erré toutes ces années? Mon manuscrit devenu épreuve serait-il entaché d’une orthographe fautive? J’écris un truc dans Twitter pour exorciser mon malaise.


@Revi_redac me répond et tourne le fer dans la plaie.


Cependant, le fait qu’elle cite un article en anglais ne me convainc pas : les anglophones peuvent bien faire ce qu’ils veulent, par exemple ne pas mettre de point final à la fin de leurs phrases, je ne vois pas pourquoi je me sentirais concerné.

Après quelques recherches, je tombe sur un article intéressant de la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française (OQLF) sur le sujet. On y lit notamment : « On rencontre le mot Internet, nom du “réseau des réseaux” informatique, employé avec ou sans article, et avec ou sans majuscule. »

L’OQLF y va de ses recommandations, ici : « [...] il reste préférable d’écrire Internet avec une majuscule initiale, tout comme son abréviation Net » et là : « [...] même si l’article l’ est admis devant Internet, il reste préférable de ne pas mettre l’article devant ce nom ».

L’utilisation d’internet (sans article ni majuscule) serait, dit-on, influencée par la pratique en anglais. De plus, il s’agirait de la graphie recommandée officiellement par la Commission générale de terminologie et de néologie française selon cet article du Grand dictionnaire terminologique de l’OQLF.

Cette phrase de l’article de la Banque de dépannage linguistique ajoute à la confusion : « Notons que l’abréviation Net, elle, doit être précédée de l’article le. » Quoi ? Défense de mettre un article devant Internet, mais obligation d’en mettre un devant Net ? Ces consignes sentent le n’importe quoi à plein nez.

J’en conclus que l’usage n’est pas fixé et que j’ai toute latitude. Je prends donc sur moi de ne rien changer à mon livre. Après tout c’est moi l'éditeur. Traitez-moi de vieux réactionnaire tant que vous voulez, mais l’Internet ce sera.