Il fut une époque où, pour les vacances, toute la famille déménageait à Ocean City, New Jersey. Nous traversions la frontière, puis l’État de New York, cordés sur les banquettes de la grosse Oldsmobile Ninety-Eight, laquelle tirait une tente-roulotte chargée à bloc. C’était un long périple qui mettait à rude épreuve la patience des enfants comme celle des parents; plus nous approchions de la destination et plus fréquemment était posée la question fatidique : « Quand est-ce qu’on arrive? ». Nous finissions toujours par arriver, tel que prévu, et posions nos pénates dans un camping pas très loin du bord de mer. L’objectif principal de ce voyage était de passer nos grandes journées à la plage. Il faut dire que cette région du New Jersey possède de belles plages de sable et une eau pas trop froide. À la plage, nous jouions dans les vagues, faisions des châteaux de sable, nous enterrions, nous lancions le Frisbee et nous écrasions pour lire ou pour nous faire bronzer. Tout cela se faisait en plein soleil; il n’y avait qu’un seul parasol pour toute la tribu. Maman nous badigeonnait à l’occasion d’huile pour bébé, un produit qui n’offrait aucune protection solaire. Au bout de trois jours à s’amuser ainsi en plein soleil, nous avions les épaules et le dos couverts de coups de soleil; après une semaine, nous étions couverts de cloques. Heureusement, dans ce temps-là, le cancer de la peau n’existait pas encore.