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[Mise à jour du 2016-01-08] En bas de page du site wordpress.org (l’application de gestion de blogue bien connue), il est écrit CODE IS POETRY. Est-ce que les programmeurs de Wordpress sont à l’origine de cette devise qui titille tant de monde (tapez « code is poetry » entre guillemets dans Google, pour voir) et qui a sans doute (indirectement) inspiré le titre de l’article dont il est question plus haut? Peut-être. (En passant, je vous fais grâce ici de ce que je pense de l’utilisation en français de l’énigmatique expression le code pour parler du texte d’un programme ou d’un langage de programmation ou de l’acte de programmer.) Les circonstances par lesquelles je suis tombé sur ce CODE IS POETRY dans le site wordpress.org sont amusantes. Par le biais de Twitter, @SebastienLaR m’envoie gentiment un texte de Guy Bennett tiré de son recueil Poèmes évidents. Curieux, je vais sur le site de Guy Bennett (que je ne connaissais pas) et j’y trouve un amusant recueil intitulé View Source (amusant parce qu’il s’agit d’un fichier compressé (zip) contenant un ensemble de fichiers en format HTML). En épigraphe de ce recueil, qu’est-ce que je trouve? Eh oui : « Code is poetry. — wordpress.org ». Bin coudon, me suis-je alors exclamé en allant constater sur le site wordpress.org que la devise s’y trouvait bel et bien. C’est à ce moment précis que j’ai décidé d’ajouter cette image à cet article de blogue. Je ne savais pas à ce moment-là que ceci dégénérerait en une aussi longue légende. (Tout ceci étant dit, malgré la crédibilité de la communauté des programmeurs de Wordpress, je persiste et signe : l’écriture d’un programme procède d’un travail très différent de la composition d’un poème.) |
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Un programme doit produire un résultat, il est utilitaire. Un poème, très facultativement.
Un programme, pour fonctionner, doit se conformer strictement à une syntaxe et à des règles sémantiques. Un poème, peu importe la contrainte, possède bien des degrés de liberté (Claude Gauvreau, ça ne compile souvent pas; Oulipo non plus).
Résoudre un problème en l’analysant et en modélisant une procédure de traitement n’a rien de poétique.
La programmation est une mécanique. La poésie, un geste.
Le programmeur se bat contre la machine. Le poète se bat contre lui-même.
Les programmeurs font de bien mauvais poètes, mais rien n’empêche les poètes d’écrire des programmes parfaitement valides.
Si on écrit un programme dont la fonction est de produire de la poésie, il n’est en lui-même qu’une plate procédure et n’a rien de poétique. La poésie sera le résultat, pas le programme lui-même.
S’il est tout à fait possible d’écrire à l’aide d’un langage de programmation une espèce de poème qui soit aussi un programme valide — aidé en cela par le fait que les langages de programmation utilisent généralement des mots anglais —, ça ne veut pas dire que les programmes sont des poèmes. Ce n’est pas parce qu’il y a eu Calligrammes que « La poésie est de l’art visuel ».
Je me demande : si les programmes étaient rédigés sous forme de paragraphes, se demanderait-on : « Le code est-il de la prose »?