— Tu sais, de nos jours, il y a tant de contenu. Les gens ne savent plus où donner de la tête. Alors, ils suivent les conseils d’un curateur.
— Un curateur? C’est quoi ça?
— C’est une personne qui favorise la découvrabilité.
— Ah. Euh, et qu’est-ce que la découvrabilité?
— C’est l’art de faire découvrir le contenu.
— Le contenu.
— Oui, enfin, la musique, les livres, les vidéos, les blogues, les articles. L’art.
— Ah, d’accord. Si je veux que mon blogue ne demeure pas confidentiel, il faut que je le fasse connaître des curateurs.
— En principe, oui. Mais ce n’est pas si simple. Les curateurs, ils, euh… Ils… Ils cu… Ils cu…
— Curatent? Curent?
— Collectionnent, mettons. Ils colligent et recommandent les choses qu’ils découvrent eux-mêmes. Et pour les découvrir, il faut que ça les intéresse.
— C’est pourquoi il faut que je les intéresse à mon blogue.
— Ça ne fonctionne pas tout à fait comme ça. Si ton blogue est confidentiel, ça ne les intéressera pas. Pour que ça les intéresse, il faut que tu sois connu.
— Ah.
— C’est le principe des saucisses Hygrade: plus de gens en mangent parce qu’elles sont (soi-disant) plus fraîches et elles sont (soi-disant) plus fraîches parce que plus de gens en mangent. Les saucisses que peu de gens mangent sont moins fraîches et donc peu recommandables. Elles deviennent indécouvrables et tant pis pour elles.
— Et mon blogue, il est découvrable à ton avis?
— Hum. Non, je ne crois pas. Je suis désolé, mais ton blogue est trop obscur pour être découvrable.
— Donc, si on résume, pour être découvert, il faut d’abord avoir été découvert.
— Tu es cynique. Ton amertume ne fait rien pour aider ta cause. L’amertume est répulsive. C’est très mauvais pour la découvrabilité.