Le machin à écrire: Série: Passé simple

C’est une mosaïque formée d’instantanés qui, vue de loin, forme un portrait très grossier, peut-être pas exactement de mon enfance, mais de l’époque dans laquelle celle-ci a baigné. Je suis né en 1967, l’histoire se passe donc surtout dans les années 1970. C’est un voyage dans la mémoire ancienne, celle de la petite enfance, celle d’avant l’école secondaire.

À la fin de 2015, j’ai publié dans mon blogue quelques bouts de texte inspirés de mon enfance. J’ai baptisé la série Passé simple. J’avais déjà une bonne idée du cahier des charges, mais je ne savais pas alors où cela allait me mener. Je me suis dit que j’allais ajouter un chapitre de temps à autre. Dans mon blogue, la série s’est terminée en octobre 2018 par un centième chapitre. J’ai ensuite écrit quelques textes inédits.

En feuilletant mes pauvres souvenirs, j’ai constaté que tout change et qu’en même temps tout est pareil. Je ne cache pas que ma mémoire est pleine de trous, que j’ai beau me creuser les méninges, je n’y trouve plus grand-chose. Ma tête est une boîte vide. Une boîte vide à double fond, vide aussi.

Les premiers textes étaient très courts et ne faisaient qu’un seul paragraphe. J’ai décidé de conserver cette forme. C’était parfois un peu frustrant — le paragraphe est pour moi une unité aussi importante que la phrase —, mais je m’en suis tenu à cette structure, qui favorise la brièveté. Pour compenser, les thèmes que je développe sur la longueur sont servis en tranches (un format pratique, qui convient également au fromage et au jambon).

Ce n’est pas une autobiographie. C’est la projection dans le désordre d’un carrousel de diapositives. C’est une enfance sans histoire, celle d’un quidam, d’une personne ayant grandi ces années-là, dans une famille ni riche ni pauvre, dans une ville quelconque de la province du Québec.

Ces textes susciteront-ils chez le lecteur une réflexion sur sa propre mémoire, sur l’époque de son enfance, le cours du temps et des choses ? Le lecteur plus vieux reconnaîtra-t-il des motifs et des échos des années 1970 ? Le lecteur plus jeune en découvrira-t-il l’exotisme et la banalité ?

Ce n’est pas une autobiographie. Je ne suis personne. Je ne suis que le témoin anonyme d’un monde disparu.

[Cet article a été créé le 2015-12-18.]

[Mise à jour du 2017-12-29: J’ajoute ici un épigraphe à la série et une table des matières.]
[Mise à jour du 2018-04-28: Et un deuxième épigraphe.]
[Mise à jour du 2018-10-13: J'ai publié le dernier article de la série aujourd'hui.]
[Mise à jour du 2020-02-25: Cette lettre de refus reçue la semaine dernière me libère, d’une certaine façon. Après avoir été éconduit par quelques éditeurs, j’ai décidé de laisser tomber mes tentatives de voir la série Passé simple devenir un livre. J’avais constitué un manuscrit à partir des textes publiés dans le blogue, auxquels j’avais ajouté sept inédits. J’avais aussi revu l’ordre des textes.

Plutôt que de laisser tout ça se perdre dans un coin sombre de mon disque dur (ou infonuagique), j’ai eu envie de faire ici une mise à jour, question de partager certains éléments nouveaux de ce manuscrit. Je n’ai cependant pas l’intention de modifier les textes déjà publiés dans le blogue. Ils demeureront donc en l’état, avec les coquilles et autres imperfections de leur mouture originale.

Par contre, je suis impatient de partager avec vous, chère lectrice, cher lecteur, ces inédits. Rien pour révolutionner la littérature québécoise, mais ces ajouts me permettent de boucler la boucle de ce projet. J’ai aussi mis à jour l’introduction plus haut.

Je publierai les nouveaux textes inédits au cours des prochains jours.]

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« Nous vîmes des choses, les oubliâmes. C’est le passé simple. »
Pierre Peuchmaurd, Fatigues. Aphorismes complets, L’Oie de Cravan, 2014.

« Comme tout le monde, j’ai tout oublié de mes premières années d’existence. »
Georges Perec, W ou Le souvenir d’enfance, Collection L’imaginaire, Gallimard, 1975.

Table des matières

Inédits

Un petit frère (2)
Maquillage
Accélération
Grand-maman
La marche
Crème glacée
Plastique

Pages

18 décembre 2015

Série: Passé simple