7 août 2015

Journal d'exil, vendredi 7 août 2015

Demain sera enfin le Jour J qui me permettra de retrouver ma Chère Patrie, si Dieu et les douaniers canadiens le veulent.

À l'instar de Papineau, j'ai songé poursuivre mon exil politique à Paris, mais suivant les conseils de ma carte de crédit, je marcherai sur mes principes politiques et prendrai la direction de Harperland et de la maison. Je serai donc solidaire de mes compatriotes et subirai avec eux la campagne électorale fédérale la plus longue de l'histoire du Canada.

S'il fallait que je ne retienne qu'une seule chose de cet exil en terres états-uniennes, c'est peut-être le prix avantageux de l'essence et le niveau concurrentiel de la taxe à la consommation. Tiens, tiens... Pétrole, État frugal : à bien y penser, l'offre politique du Parti Conservateur mérite peut-être considération... Je compte bien méditer sur la question durant le long voyage du retour.
En attendant, voici les derniers messages codés destinés à mes frères d'armes : « Yvette aime les grosses carottes » et « Nicolas viendra ce soir ». Au plaisir de vous retrouver, chers amis : nous vaincrons!

* * *

Notes:
  1. Les messages codés repris dans cette série sont authentiques : diffusés sur les ondes de la BBC pendant la deuxième guerre mondiale dans le cadre de l'émission « Les Français parlent aux Français », ils étaient alors destinés à la résistance française. Cette page en fournit une liste dont la lecture est plutôt amusante.
  2. Un sociologue amateur pourrait s'amuser à inventer une théorie selon laquelle l'exil de quelques Patriotes en Nouvelle-Angleterre après la rébellion de 1837-1838 — Papineau et Duvernay, notamment — serait à l'origine de la tradition migratoire estivale des Québécois sur les plages de la côte Est. Heureusement pour nous, ce sociologue amateur n'existe pas.