Le pauvre avait un don. Il passait systématiquement à côté de toutes les opportunités. Ses femmes le quittaient pendant qu’il avait le dos tourné. Ses ambitions jouaient les illusions d’optique, tel l’oasis qui recule à mesure qu’on s’en approche. Et lui traversait ce mauvais film en étant toujours mal cadré, toujours en retard de quelques répliques, doutant qu’on mette son nom au générique.
Il eut pourtant son heure de gloire le jour où on parla de lui dans le journal : ce n’est pas tous les jours en effet qu’un type meurt écrasé par la chute d’un piano en traversant la rue.