Il faut rendre hommage à la capacité des Américains de concevoir des films ridiculement mauvais, de les scénariser, de les financer et de les produire. C’est une force commerciale puissante, qui ne répond à aucune loi de l’offre et de la demande. Ces navets — qui sont voués à être de cuisants échecs au box-office — n’existent que parce qu’il y a un nombre incalculable de canaux de distribution en manque de contenu, il faut les alimenter ces canaux, peu importe la qualité. À la longue, en s'immisçant un peu partout — des chaînes spécialisées de télévision aux systèmes de films sur demande des hôtels — ces sous-produits cinématographiques finissent immanquablement par se rentabiliser.
C’est ainsi qu’on se retrouve sur un vol long-courrier à écouter un stupide film de superhéros mettant en vedette des effets spécieux et un acteur sur le déclin dans le rôle du gars affublé d’un costume ridicule. C’est cette phase du vol où il ne se passe plus rien, où le temps est suspendu, on en a pour encore deux heures, on n’a plus l’énergie de lire, on a le corps fourbu, on se demande comment on va tenir. On se choisit un film débile sur le petit écran à cristaux liquides incrusté dans le siège de notre voisin d’en avant, c’est ça ou la fonction qui permet de voir la progression du vol, le petit avion sur la mappemonde, l’image qui se rafraîchit, mais l’avion qui n’avance pas, les données inutiles sur la vitesse de l'appareil, son altitude et la température extérieure. Mieux vaut se laisser hypnotiser par les péripéties d’un acteur de deuxième catégorie combattant des méchants infographiques.
Et comme c’est ça ou la mort, on ajoute notre petite contribution à l’économie de la médiocrité hollywoodienne.