13 mai 2015

Remue-méninges

— Bon, les amis, aujourd’hui, le mot est foodie. Qui commence?
— Allez, je me lance : gastrophile.
— Pas vraiment.
— Euh, mangiste?
— Non plus.
— Popotophage?
— Voyons donc.
— Alimenteur.
— S'il-vous-plaît!
— Nourriturien?
— Mon dieu, non.
— Bouffovore.
— Un peu de sérieux, messieurs-dames!
— Culinocrate.
— Non, non. Un effort, les amis. Foodie : qu'est-ce que cela vous évoque?
— Épicur…
— Ah non, pitié, pas épicurien!
— Bouffologue.
— Ouf.
— Je sais plus trop, là…
— Moi non plus.
— Pourquoi pas cuisinomane?
— Ha, ha, ha!
— Hein? T’es sérieux?
— Bah, oui, on dit bien cocaïnomane, pourquoi pas cuisinomane?
— Ça me semble un peu fort.
— Ça sonne bizarre.
— On ne risque pas de susciter encore la moquerie?
— Vous avez une meilleure idée?
— (Silence.)
— Mon gastrophile de tout-à-l'heure n'était pas si mal.
— Non, pas question. Pas gastrophile.
— Bon, on fait quoi alors?
— Hum.
— Écoutez, faudrait se décider, là, c’est bientôt l’heure de la pause-café.
— Peut-être que cuisinomane était la moins pire des suggestions, après tout.
— Alors, on y va pour cuisinomane? Tout le monde est d’accord?
— Bof.
— Ouin.
— Mettons.
— Allons, c'est décidé: cuisinomane. Je cours mettre ça en ligne!

[L'Office québécois de la langue française (OQLF) proposait récemment cuisinomane pour traduire foodie, ce qui déclencha l'hilarité sur les réseaux sociaux. Malgré que nous nous moquions gentiment à l'occasion des propositions de l'OQLF, nous n'avons pas moins un grand respect pour leur travail. Nous croyons qu'il ne faut pas jeter le courriel avec l'eau du cuisinomane.]