22 mai 2015

Les scrupules de l’aspirant marathonien

Mort de peur. Quelques centaines de kilomètres plus tard, on est sensé être prêt à en courir un peu plus de quarante-deux. Mais voilà : on est mort de peur parce qu’on n’y croit plus vraiment. C’est qu’on n’a pas suivi le plan d’entraînement à la lettre. On a même coupé quelques coins ronds. Les dernières sorties ont été difficiles. On sent poindre des débuts de blessures. Pire : on sait trop bien ce qui nous attend : la distance, le temps qui s’étire, l’élancement (voire la crampe) qui peut surgir à tout moment, la frontière ténue entre pouvoir continuer et devoir abandonner, l’énergie qui s’épuise, le long tunnel des deux, trois derniers kilomètres. Bref, le mental n’y est pas. Alors on est mort de peur. Il faudra bien se lancer, pourtant : ça fait des mois qu’on anticipe cette course, qu’on s’y prépare. On se résigne et on espère qu’une fois sur place, la foule des coureurs et l’ambiance festive nous rendra parfaitement insouciant et nous fera oublier la peur. Il ne nous restera alors qu’à nous exécuter, c’est-à-dire mettre un pied devant l’autre sans nous arrêter jusqu’à la fin du parcours. On est mort de peur, peut-être, mais on a la tête dure.