On me demande souvent : « Mais comment composez-vous vos tweets? » Avec le temps — et j’ai quand même plus de trois mille messages à mon actif dans Twitter —, j’ai développé une méthode toute personnelle qui offre à la fois la flexibilité me permettant de traduire très rapidement ma pensée, tout en laissant au texte le temps de mûrir et d’atteindre le niveau de qualité littéraire auquel j’aspire. J’ai décidé de dévoiler aujourd’hui, au bénéfice de la postérité, les secrets de l’élaboration de mon œuvre twittéraire.
Voici donc en général comment je procède pour écrire un tweet.
Je grave d’abord chaque tweet sur une tablette de pierre en utilisant un marteau et un ciseau. Je recopie ensuite le résultat à l’encre sur un parchemin, en utilisant une plume d’oie. Je reprends le tout sur du vélin à l’aide d’un crayon de graphite, puis dans un cahier avec un stylo. Je compose alors mon tweet avec des caractères mobiles que j’imprime sur du papier journal grâce à une presse mécanique. Je retape illico le texte résultant à la machine à écrire (une vieille Remington que j’ai achetée au marché aux puces). Je tire deux copies du tapuscrit avec un photocopieur Xerox, un appareil retapé datant des années 60. Je compose ensuite le tweet à l’ordinateur, en utilisant mon traitement de texte favori. Pour terminer, je fais l’édition finale du texte dans Twitter, avant de presser le bouton Tweeter.
Ce processus peut paraître complexe à première vue, mais il permet de créer une œuvre numérique sans pour autant renier l’importance d’utiliser des arbres morts et de dissiper de l’énergie mécanique, ingrédients essentiels à la base de la production littéraire depuis l’apparition de l’écriture. Le résultat, j’en suis persuadé, est très différent d’un texte qui aurait été — quelle horreur! — entièrement produit par le biais d’outils informatiques. J’applique d’ailleurs cette même façon de faire pour produire les articles du présent blogue.
On me demande souvent aussi : « Mais comment faites-vous pour écrire des textes si stupides? » Alors ça, chers lecteurs, c’est une autre histoire, que je vous raconterai peut-être un jour, si vous êtes sages.