L’ère des blogues est révolue. Le blogage est soudain un phénomène totalement anachronique. C’est en tout cas ce que des gens influents nous expliquent par exemple ici ou là. The blogs is dead : il est allé retrouver le rock and roll, la modernité et l’Histoire (The End of History, vous vous rappelez ?) au paradis des concepts périmés.
Mais, dites-moi, si les blogues n’existent plus, que ferai-je de mes fonds de tiroir ? Comment pourrai-je m'exprimer en plus de 140 caractères ? Où vais-je pratiquer ma compulsion à établir d’inutiles listes ? Où publierai-je mes meilleures recettes de grilled cheese ?
Si les blogues n’existent plus, dites-moi, où vais-je me plaindre de ne pas assez écrire dans mon blogue ?
Il est pour moi primordial de demeurer à la fine pointe des tendances du monde des arts, des communications et de la révolution numérique. Si je persiste à bloguer, je ne peux que faire la preuve de ma ringardise. Je deviendrai vite la risée de ma famille et de mes amis. Mon score Kloutte risque de s’effondrer. Bientôt, humilié, je me mettrai à boire, serai renvoyé de mon travail, ma femme me laissera, je ferai faillite, serai jeté à la rue, en serai réduit à mendier pour survivre. Est-ce qu’écrire dans un blogue mérite tous ces sacrifices ?
Mais qu'est-ce que j’attends pour enfin écouter la voix de la raison ? Le blogue est mort. C'est comme ça.
Je suis, le l’avoue, cher lecteur, dans un état de désarroi le plus total, j’ai perdu tous mes repères, ma vie n’a plus de sens, je suis pris de vertige, le sol se dérobe sous mes pieds, etc., etc.
J’ai considéré un moment me mettre à publier dans YouTube des vidéos de moi-même en train de me trouver intéressant. J’ai hésité à partir un Tumblr qui répertorie des photos de personnages publics pris en flagrant délit de se décrotter le nez.
Finalement, c'est décidé : j’entre dans l’ère du post-blogue et je m’inscris à Facebook. Ça, c'est autre chose.