Par définition, l'écrivain à temps partiel manque de temps pour écrire. Plus sa vie est remplie, moins il en a. Il aspire donc étrangement à une vie un peu vide, une vie où il y aura des moments assez longs où il ne se passera rien, où il pourra s'isoler, s'asseoir devant son ordinateur, se concentrer et taper, taper, laisser les choses venir, pondre des mots.
On le sait, la vie moderne est trépidante. L'écrivain à temps partiel a un travail, une épouse, une famille, des amis. L'écrivain à temps partiel a des obligations diverses, des poubelles à sortir le lundi soir, des repas à préparer, des pneus d'hiver à faire installer, des courses à faire, une maison à entretenir. Il y a aussi l'entraînement pour ce demi-marathon, le stress du bureau qu'il rapporte à la maison, son blogue à nourrir. Il faut aussi qu'il se réserve du temps pour se reposer, respirer un peu, par exemple regarder une série télé niaiseuse avec sa tendre moitié le vendredi soir.
On comprendra qu'il est difficile dans ce contexte d'aspirer au rien, d'aspirer au vide. D'autant plus qu'en se retirant dans sa bulle à la moindre occasion, l'écrivain à temps partiel court un grand risque : celui de négliger – voire esquiver – les contacts sociaux: sans s'en rendre compte, le pauvre risque d'y perdre sa femme et ses amis, de se transformer en un être asocial, sauvage, misanthrope.