Comme chacun le sait, chaque été pendant la période estivale, les pétrolières augmentent secrètement le prix de détail de l’essence d’au moins vingt-cinq pour cent, ce qui leur permet ainsi d’engranger de juteux profits sur le dos des travailleurs qui prennent la route des vacances. Voilà un complot scandaleux que les journalistes stagiaires qui alimentent les bulletins de nouvelles à la radio pendant que les vrais journalistes sont en vacances ne manquent pas de dénoncer, à coup de statistiques mal interprétées et d’interviews de quidams qui n’ont rien de plus à raconter que leur expérience personnelle de consommateur frustré en commençant toutes leurs phrases par « Moi je pense que ». Le public captif que constitue ces vacanciers qui avalent les kilomètres au volant de leur voiture climatisée et qui n’ont rien d’autre à faire pour se désennuyer que d’écouter la radio, ce public ne peut qu’acquiescer – c’est vrai ça, que le gaz est plus cher cette semaine, se dit-il, c’est-tu épouvantable de se faire manger la laine sur le dos de même par les maudites compagnies multinationales – tout ignorant qu’il est des principes qui sous-tendent le système capitaliste dans lequel il évolue, en particulier celui voulant que lorsque la demande dépasse l’offre, les prix aient tendance à augmenter.
